C’était fin 2015 que j’ai reçu mes premiers clients-patients. Déjà 10 ans se sont déroulés ! Tant de rencontres riches et diverses…
Plutôt que d’établir un bilan d’étape, j’ai choisi de vous faire partager deux souvenirs : Un souvenir difficile et un bon souvenir.
Un souvenir difficile
Commençons par le souvenir difficile. Difficile parce que laissant un goût amer.
Si ce n’est l’échec, tout au moins l’impasse.
Il s’agissait d’un couple très jeune, environ 23 ans chacun, ayant déjà 3 enfants.
Ils étaient issus de familles terriblement rigides dont ils avaient voulu s’échapper.
Lorsque je les ai reçus, ils avaient décidé de se séparer physiquement pour éviter des disputes continuelles. Ils venaient me consulter pour voir s’ils pourraient repartir ensemble.
En effet, quand ils se retrouvaient le week-end, cela se passait bien. Il y avait un espoir de reconstruire cette jolie famille.
Très vite, j’ai buté : l’homme était mutique et la femme ne quittait pas la liste des récriminations. C’est un cas relativement classique : les reproches de sa femme engendrent le mutisme du mari, mutisme qui lui-même exaspère la femme.
En dépit de mes investigations, interrogations et suggestions, la situation n’a pas évolué.
Pourquoi ? Chacun considérait qu’il avait raison ; sur absolument tous les points, théoriques ou concrets. (Ce que j’ai compris lorsque la jeune fille m’a indiqué comment mener la thérapie !)
Je me suis sentie face à un mur. Ils étaient chacun enfermés derrière un mur qui, à la fois, les protégeait, et à la fois, les empêchaient d’aller l’un vers l’autre…
Toutes mes tentatives pour créer un peu d’ouverture se heurtaient à un échec, comme rebondissant sur leurs murs.
L’enferment intérieur de celui qui demande une aide extérieure empêche toute modification. Cela m’a rappelé que la thérapie n’est, hélas, pas miraculeuse…
Un bon souvenir
En réalité, le bon souvenir a mal commencé. Je recevais un couple depuis tellement longtemps (2 ans) que la femme me disait « Ce n’est pas normal ! Cela dure moins longtemps pour les autres, non ? ».
Moi, j’étais touchée : nous piétinions, nous piétinions. J’ai tenté de nombreux chemins pour sortir de cette impasse.
Un jour, ils ne sont plus revenus sans un mot…
6 mois plus tard, la femme prend rendez-vous.
Je commence par poser des questions pour faire le point. Elle m’interrompt, s’esclaffe (elle qui conservait sempiternellement une expression sérieuse !).
« Je ne suis pas venue pour une séance ! Je suis venue pour vous remercier de nous avoir sortis de l’ornière. »
Cette minute-là reste en moi et je m’en souviens lorsque je suis tentée de baisser les bras.
Peut-être ont-ils utilisé un des chemins proposés pour se mettre en route.
Quel est ce chemin ? Je ne le sais pas. Il n’y a pas besoin de savoir ce qui change pour se mettre en mouvement.
